Le Marathon de L'Espace 2012

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Arrive enfin le week-end où nous devons monter sur Kourou chez la "Bâche Familly". Avec ma chérie nous passerons la soirée de samedi à discuter, à manger un repas végétarien préparé par les soins de Mister "Etienne". En effet, demain matin nous devons nous lever tôt afin d'aller chercher le dossard de Miss "Flo", le 75, car elle participe au premier marathon de sa vie. A ce jour elle court pour le plaisir. Cette fois-ci, elle attaque les choses sérieuses:

 un marathon, soit 42.195 Km. 

Repas du Soir de L'Avant Marathon

Mister "Etienne", égal à lui même, a su nous accueillir comme des rois. Miss "Jeannine" et les enfants Mister "Saucisson" et Miss "Salade", toujours avenants et rassurants, ont bien participé à la mise en bonne disposition. Ils ont su nous changer les idées et être encourageants pour le lendemain. Nous avons discuté de l'organisation quelque peu compliquée à gérer. Mais nous avons pu bénéficier de quelques infos supplémentaires : en effet, Miss "Jeannine" avait déjà participé l'année dernière en tant que "vélo-accompagnatrice" de certains de ses collègues, qui eux parcouraient en équipe et représentaient l'enseigne de son ancienne société. Elle a pu nous évoquer le parcours, les difficultés à forcer le passage au milieu des voitures, la circulation n'étant pas bloquée; elle se souvenait aussi des faiblesses qu'avait ressenti un de ses collègues coureurs, et surtout, de l'ambiance agréable qui régnait sur le parcours.

Et oui, nous sommes là pour une grande expérience, pour une aventure extraordinaire: celle de Miss "Flo" qui participe à son premier marathon. Pour que tout se passe pour le mieux dans le meilleur des mondes,  Mister "Etienne" et moi-même avons participé à son effort. Bon, nous n'avons été que les accompagnateurs en vélo (tout de même SVP!), mais nous avons été présents tout le long. Et pourtant au début nous devions nous répartir les tâches : qui de s'occuper des photos, qui de gérer la circulation, qui de se placer devant Florence pour la couper du vent, qui de l'alimenter, qui de l'hydrater...  De plus, nous pensions nous répartir chacun les kilomètres afin d'alterner les efforts tout en ne laissant Florence jamais seule, ..Et surtout, nous avions prévu de ne faire que la moitié du parcours, ce qui était l'objectif initial de la miss qui n'avait fait jusqu'alors que 12 Km au maximum.

  

Voici l'apéro, un ensemble de crudités natures (radis, chou-fleur, et physallis, autant de mets rares en Guyane!) qui fut accompagné de deux vivaneaux ( un poisson pour les non connaisseurs) avec des tagliatelles. Diététique, non? Heu,...dois-je ajouter qu'un gâteau glacé à base de mandarine et de chocolat fut rapidement englouti par tous les convives? Oui, un peu de douceur, c'est important pour nous aider dans la motivation!

Ah oui, j'allais oublier l'Adelscot, bière à base de malt de whisky, que Miss "Jeannine" proposa à ma belle.

      

J'ajouterai que, pour parfaire cette préparation optimum, nous nous sommes couchés vers 4h du matin.... Ainsi nous étions sûrs d'être prêts correctement pour le départ. Nous devions nous lever vers 5h afin d'être présent au plus tard vers 5h45 pour la remise du dossard. Je vous passerai le détail de la mise du réveil sur mon mobile que j'ai mal réglé... Malgré cela, Mister "Etienne" et Miss "Flo" partirent à temps (enfin, tout juste à temps!) en direction de la tour Dreyfus en 4x4, lieu du départ. Pendant ce temps, moi sur mon vélo ( celui de Miss "Jeannine" en réalité), je me tapais 3 Km  afin d'être au top de ma forme pour m'avaler les 42.195 Km à venir.  Yesssssssss!!!!!

Les choses sérieuses commencent. Mister "Etienne" repartit à la maison pour récupérer son vélo, puis il nous rejoindra sur le parcours au niveau de l'avenue de France, située près de sa maison.

En attendant j'arrive, après avoir pédalé comme un fou pour ne pas rater le départ, sur la fameuse ligne où commencera cette journée de tortures, de plaisirs... Vous appellerez ceci comme vous voudrez. J'ai droit à un bisou ( pas deux, le stress étant là... sniff) et la voila partie rejoindre le peloton de frappadingues. Il est 6h du matin, il fait nuit, pas de lumière car dans la cité de l'Espace, on n'a pas les moyens de changer les ampoules des lampadaires. ( Je n'en dirais pas plus...). Et enfin notre folle journée ( débutée tout de même il y a quelques minutes) prend son envol, au départ de la course de Miss "Flo". Cette journée sera la sienne, elle s'en rappellera toute sa vie ( du moins je l'espère), car c'était un rêve de gosse qu'elle réalise: elle participe à son premier marathon.

Allez, par ici la chronologie de cette fabuleuse matinée....

 

Le Départ

    

Nous sommes dans les starting blocks, chacun ayant sa façon de se concentrer. Pour certains on fait des pompes, tandis que d'autres vérifient leurs lecteurs Mp3... pendant que quelques-uns se demandent encore pourquoi ils sont venus se foutre dans cette galère.. N'empêche, à l'annonce du compte à rebours du speaker, beaucoup penseront qu'il y a une fusée Ariane 5 qui va décoller ( ne serait-ce pas le Marathon de L'Espace? Si, si...)

Ca y est nous sommes partis, et voila la première photo d'un homme qui se couche à 4h du matin... un peu floue comme son esprit. Car dans un deuxième effort violent ( pour mémoire le premier était les 3 premiers Km à un rythme effréné...) j'ai du contrôler les autres vélos, et les coureurs participants, parce qu'il m'a fallu retrouver ma chérie dans le peloton . Sur la vidéo, si vous regardez bien elle est dans les 10 dernières personnes, on l'aperçoit de dos... Elle a préféré se mettre en queue de course, afin de ne pas être bousculée au départ et de pouvoir démarrer avec un minimum de stress. Le temps de régler le casque qui me faisait mal, elle avait déjà parcouru presque 2 Km, et elle était remontée à l'avant du peloton.

Après avoir traversé l'avenue "Jean Jaurès", le quartier de " Gaston Monnerville" et longé "les Terrasses du Lac", nous nous retrouvons sur l'avenue qui nous amène à la "Z.I. de Pariacabo". Pendant ce temps, le jour se lève. Il est parfait pour cette matinée sportive. Il fait gris, pas trop chaud ( de mémoire je crois qu'il faisait 25°), un peu humide certes, mais il n' y a pas de lourde chaleur en perspective.

    

Et voila comment en peu de temps nous aurons fait les 10 premiers Km. Elle est légère, rapide, dans un bon rythme.... elle court à son allure et c'est bien là le plus important. Cool!! Je suis encore vivant, et nous sommes déjà à la moitié de l'objectif fixé: pour mémoire la moitié du marathon (environ 20 km)

Entrée du Centre Spatial Guyanais

Alors après avoir dépassé le site de "la Carapa", nous arrivons à l'entrée du "CSG". Qui est-ce qui peut dire : «  J'ai fait un marathon!» (déjà on n'est pas nombreux!) et ajouter dans la foulée: « Je suis rentré sur le site spatial Européen ! »? Alors ci dessous on se construit une mémoire...

Et comme la fusée, elle vole... elle ne touche pas le sol...

Les distances se font déjà présentes... La grande ligne droite de 7 Km tue. Cela me laisse le temps de lui parler des différents sites ( elle en a rien à faire, elle court) mais j'occupe le temps comme je peux. Habituellement elle court toute seule , et comme c'est la première fois que je suis accompagnateur, j'aurais l'occasion de parler avec "Mister Etienne" de comment on doit la motiver en l'accompagnant, etc... Mais ce sera surtout un moment de partage

  

Allez Florence!!!

Alors sur la route nous trouverons du soutien...

Nous arrivions à l'entrée du site Diamant, et depuis près de 4 Km des douleurs sont apparues. Ses genoux faisaient des leurs. Je me suis vu partir à fond chercher des pompiers afin de trouver du paracétamol, mais en vain. Si nous faisions intervenir le médecin qui aurait pu lui en fournir, elle aurait dû quitter la course. Impossible à imaginer, nous arrivions à notre objectif initial , elle était classée 57ième et 3ième de la gente féminine. Alors elle a pris sur elle, et a continué malgré la souffrance apparente.

Arrivée à La Moitié du Marathon, entrée du Site Diamant:

 Le Retour

 

Alors une idée m' a traversé l'esprit,<<si tu arrives à faire 25 Km, l'année prochaine, je le fais aussi>>. Mais quelle grande gueule! Que n'ai-je pas dis? Des fois je suis vraiment trop bête ;-) ou était-ce pour la motiver encore un peu plus?

  

Puis est venu le moment du mauvais calcul... Nous passions le PK25 , où je lui annonçais que nous n'allions pas tarder à sortir du CSG au prochain virage, ce qui en réalité correspondait au PK30. Il est vrai que je la voyais en difficulté, elle avait réellement mal, il y eu quelques arrêts pendant lesquels la course fut remplacée par de la marche rapide... Mais elle en voulait: l'objectif était devenu de passer la barre "mythique" des 30 Km. Puis on s'en fout, maintenant que je sais que l'année prochaine je devrais le faire aussi...

Le Retour PK 27

Quoi? Nous sommes au PK 32.5 , devant la maquette de la fusée Ariane 5... Nous devons encore changer d'objectif.  Pendant les quelques brèves marches que nous ferons, nous déciderons qu'elle ira le plus loin possible, je pensais qu'elle voulait à chaque moment stopper son élan et rentrer, mais c'était sans compter sur son moral d'acier. La fatigue est de plus en plus présente, les douleurs l'empêchent de courir, alors qu'elle n'est toujours pas essoufflée. De quelle endurance elle fait preuve! Quel courage aussi! Quelle folie! Mister "Etienne" sera d'un grand soutien, je l'aiderais comme je pourrais.

La Carapa

Heu! sur cette vidéo, le gars qui passe comme un mirage, est un gars qui fait parti de ceux qui font la course en équipe, et là il arrive pour donner son relais à son coéquipier un plus loin. OK, elle a aussi un peu ralenti sa course, mais l'effort n'est pas du tout le même ( elle vient de se faire près de 33 KM alors que lui il finit seulement son relais de 10 Km). Ceci méritait tout de même une explication.

Et là nous arrivons de nouveau dans Pariacabo, où se trouvent les premiers jets d'eau pour rafraîchir les concurrents. Ca veut dire aussi que nous venons de passer les 35 KM. Il est plus possible de s'arrêter, nous devrons allez jusqu'au bout, avec Mister "Etienne" nous nous sommes résignés mais avec une grande joie, à devoir encore pédaler.

Les 4 Km suivants auront été d'une rare violence physique. Plus d'une fois je l'aurais pris dans mes bras pour la réconforter, je l'aurais accompagnée dans les quelques marches rapides, mais ce qui était surprenant, c'est que malgré la détresse qui pouvait parfois se lire sur son visage par moment, à aucun moment elle aura voulu abandonner.

C'est une battante, une vraie... Respect!

    

Nous arrivons à la fin,  tandis que nous rentrons sur la dernière portion, là où se retrouvent les équipes relais au complet pour finir la course ensemble, avec Mister "Etienne" nous frayant un chemin pour que notre future marathonienne puisse passer sans être bousculée. Si prêt du but, cela aurait était dommage! Depuis à peu près 1 km, nous avons avec nous un nouveau porteur, Mister "Saucisson" qui tenait à son tour à marquer le coup à sa manière. Quelques instants après nous serons rejoints par Miss "Salade" en vélo, pendant que Miss "Jeannine" était allée s'installer sur la ligne d'arrivée pour éterniser ce grand moment, celui de la victoire d'elle-même contre elle-même, contre ses douleurs ultra présentes, malgré les ampoules à chacun des doigts de pieds, malgré la souffrance totalement omniprésente. Elle court, certes lentement, mais elle court encore.

Les 2 derniers Kilomètres

Admirez, les images se passent de commentaires...

   

   

Dernière côte.... plus que 200 Mètres.

Les 50 derniers mètres seront en légère descente. Sa cadence s'accentue, en ligne de mire la ligne d'arrivée: 42.195 Km parcourus non seulement grâce à un exploit physique, mais aussi grâce à un mental d'acier.

Le temps sera de 4h40'40'' au final. Et moi toujours avec mes signes de prédictions,

 j'ai compris qu'elle aimerait faire du 4x4. lollllll

Maintenant elle peut laisser exploser toutes les larmes de joie et de détresse, avec en main le réconfort d'une fleur. Elle vient d'entendre au micro du Speaker son nom, son prénom, la ville d'où elle vient lors de son passage sur la ligne. De l'émotion à tout va. Et moi pendant ce temps, qui avait vécu toute la distance avec ses joies et ses peines, je ne serai pas là, car il m'a fallu me frayer un chemin dans la foule avec mon vélo, en criant : " Laissez moi passer, c'est ma femme sur la ligne d'arrivée..." Je n'aurais le temps à sa vue que de la prendre dans mes bras, et là, relâchée, elle s'effondra... Je demeure triste de n'avoir pu être là à la réceptionner une fois la ligne d'arrivée franchie, mais tellement content pour elle, car son rêve de gosse est enfin réalisé.

Même pas essoufflée, on profite pour faire les photos de fin de course.

    

On apprécie le temps présent...

Ici, ces trois frégates qui passeront au-dessus de nous ( comme celle que nous avions vue à la Pointe du  Château en Guadeloupe) seront l'apothéose de mes symboliques animalières. Seule en Guadeloupe, à trois en Guyane ( Mister Etienne, Moi même et notre nouvelle marathonienne)

Un repas digne de ce nom nous attendra, une raclette de légumes aux champagnes (chacun le sien, enfants et adultes) et quelques bières nous récompenseront de tous les efforts de la matinée.

  

Que ça fait du bien de se savoir si bien entouré. J'aime mes week-end. De chouettes amis et une chouette femme.

Allez à votre santé...

L'Après Marathon

En Conclusion

La conclusion ne sera pas faite par moi, je laisse la main à ma chérie. Je vous dirais seulement que c'est une superbe expérience à vivre. Quand vous voyez cette confrérie de sportifs, où ils se motivent tous les uns les autres, que votre entourage vous a aidé à mille pour cent... et qu'en plus la totalité du parcours fut fait. Ce n'était que du bonheur.

Que puis-je ajouter à tout ce qui a déjà été dit et détaillé ? Oui, ce dimanche 18 mars fut un grand jour pour moi, qui cours régulièrement pour évacuer mon énergie débordante. Depuis longtemps, je rêve de faire un marathon, mais jusqu’à présent, je n’ai jamais osé me lancer dans cette aventure. Or, depuis que j’ai rencontré mon galant, ma vie a changé, et je n’ai plus peur d’oser. Oser faire de l’ULM, oser m’acheter un piano alors que je vis au milieu de la forêt, oser courir un marathon. Cet exploit, dont je me souviendrai toute ma vie, c’est notre exploit. Sans l’aide et le soutien de mes deux accompagnateurs, dont leur seule présence m’a motivé, jamais je ne serai arrivée au bout de ces kilomètres. Certes, actuellement, deux jours après l’effort, j’ai des difficultés à marcher (on m’appelle le Canard, et ce n’est étrangement pas à cause de mon kayak !), chacun de mes orteils comporte une ampoule, et mes deux jambes sont enflées, à ne plus rentrer dans mon jean ni mes tongs. Néanmoins, je suis heureuse d’avoir osé, d’avoir vécu cette intensité chaleureuse dans l’effort, et d’avoir réussi grâce au partage et à l’amour.

 

  Musique de la page que l'on peut écouter Conquest Of Paradise

                   Sorties Diverses     Mensomadaire  2012.    

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