Les Îles du Salut...
Les îles du salut sont un paradoxe faites îles. Si, si, je vous assure...
Tenez, rien que le nom. Ces trois îles situées au large de Kourou ont été baptisées ainsi parce qu'elles ont servi de refuge aux colons censés fonder à Kourou une colonie prospère, en 1763, et qui furent en réalité décimés par les fièvres. En reconnaissance, les survivants ont rebaptisé "îles du salut" celles qui étaient connues comme "îles du Diable". Eh oui! Elles étaient dangereuses au niveau navigation (à cause aussi des requins qui peuplaient leurs eaux, mais c'est une autre histoire) ! D'ailleurs, la plus petite des îles, que l'on ne peut aborder en bateau, où fut isolé quatre longues années Dreyfus dans sa minuscule maison, porte encore le nom d'île du Diable. Les autres s'appellent "Royale", en l'honneur de Louis XV, et St Joseph...
Aller aujourd'hui aux îles, c'est s'assurer quelques heures de bonheur dans un monde de brute... Il faut lutter contre le mal de mer qui risque de vous étreindre lors de la traversée en voilier, mais Alain a l'art de vous motiver: "Allez, courage, à l'arrivée, je t' offre le planteur! ". Si l'on choisit de dormir dans les maisons de gardien de l'île Royale, il faut en plus affronter la Gorgone de l'île à l'humeur toujours égale (- toujours de mauvaise humeur, en bref-) qui vous réclamera le paiement de votre écot sans ménagement. Mais ces épreuves une fois passées...
QUE DU BONHEUR! La brise qui berce les cocotiers (gare aux chutes de coco! Des accidents sont relevés chaque année...), les eaux bleues transparentes où l'on peut plonger, les hamacs qui se balancent au gré des Alizés... Je vie ma vie de carte postale à moi... Robinson d'un jour, on se prend à rêver d'une vie sauvage (enfin, jusqu'à ce que le sel qui gratte fasse rêver à une douche bienveillante)
Et pourtant...
Ces îles ont connu une histoire emprunte de souffrance... De 1852 à 1946, des bagnards furent transférés sur ce qui n'était à l'époque que des terres désertes et désolées (les cocotiers n'y furent implantés que difficilement, à partir de 1860, pour y extraire de l'huile de lampe, et à l'époque, le vol d'une noix de coco pour la manger était puni de 60 jours de cachots, tant ils avaient du mal à s'acclimater. On peine à y croire aujourd'hui). Ils y taillèrent des chemins de pierre, construisirent des habitations, des églises, des cellules, une boulangerie, une porcherie, un hôpital... dans des conditions déplorables. La mauvaise réputation de la Guyane vient en particulier de ce souvenir du bagne dans l'inconscient collectif. D'autant que ces bagnards, condamnés à rester en Guyane, ne revoyaient jamais la métropole.
( Île du Diable ) maison de Dreyfus
L'île Royale, la mieux conservée aujourd'hui, était le domaine de l'administration et des prisonniers de droit commun. L'île du Diable, le refuge ingrat des prisonniers politiques. Ces deux îles étaient reliées par un transbordeur, un câble qui servait à ravitailler l'île du Diable en vivres et eau douce, car aborder cette île était trop dangereux (encore aujourd'hui, et les rares qui y vont sont rapatriés par l'armée!!!).
( Île St Joseph )
L'île St Joseph accueillait les récalcitrants, condamnés au silence dans leurs cachots. Tout bruit, même celui des chaînes, était puni, et les gardiens- en chaussons pour ne pas se faire entendre- pouvaient surprendre les prisonniers du haut de la passerelle qui surplombait toutes les cellules.
Heureusement, la nature reprend ses droits peu à peu. Si la souffrance reste palpable au milieu de ces ruines, les racines forcent les portes, dissimulent les barreaux, les termites se perchent en haut des barreaux, et la vie semble rejaillir.
Musique de la page que l'on peut télécharger
4 pourL Voler feat Mc Didi
Bienvenue Chez Moi.